ARTHROSCOPIE ET GONARTHROSE
Nicolas HUMMER
Communication complète
L’arthroscopie fait partie intégrante de l’arsenal thérapeutique du chirurgien devant une gonarthrose. En 2001 on dénombrait en France 9814 arthroscopies pour gonarthrose sur 148870 soit 6,6%.
Il existe de nombreuses études sur le sujet dans la littérature, qui sont de qualité variable et d’interprétation difficile car les critères d’inclusion et d’exclusion diffèrent, les critères de mesure sont différents, les études sont souvent rétrospectives et les résultats sont mesurés suivant différents critères.
Historique
C’est Burman en 1934 qui rapporte les premières séries avec résultat favorable de l’arthroscopie sur gonarthrose. En 1941 Magnusson introduit le terme de débridement articulaire. C’est essentiellement après 1970 que se développent les procédures arthroscopiques (Jackson, O’Connor).
Résultats
Les résultats sont dans l’ensemble favorables (environ 65%) variant de 40% pour Baumgaertner à 77% pour Rand.
Les gestes réalisables sous arthroscopie sont multiples :
- lavage articulaire
- méniscectomie plus ou moins totale
- chondrectomie ou shaving
- ostéophytectomie de l’échancrure ou de la surface préspinale
- ablation de corps étrangers libres
- synovectomie partielle antérieure
- perforations de Pridie
- (chondroplastie abrasive) : technique abandonnée
- microfractures (Steadman)
- débridement associant méniscectomie partielle, chondrectomie, ostéophytectomie, ablation de corps étrangers.
Existe-t-il des facteurs prédictifs ?
Les controverses sont nombreuses. Pour certains, il n’existerait aucun facteur prédictif du résultat de l’arthroscopie, cette dernière étant considérée comme un fort placebo (Moseley) ; néanmoins, certains facteurs semblent se dégager à la lecture de la littérature :
- présence de symptômes mécaniques (ménisque, cartilage)
- défaut d’axe
- âge
- durée des douleurs
- antécédent d’intervention chirurgicale préalable
- existence d’une laxité associée
- sévérité des lésions constatées à l’arthroscopie
- importance des lésions radiologiques pré-opératoires
Le meilleur résultat semble être obtenu en cas de gonarthrose primitive avec début brutal , pincement de l’interligne articulaire inférieur à 50%, en rapport avec une lésion méniscale instable (SFA 2000).
La situation la plus défavorable est constituée d’un ou plusieurs des éléments suivants :
- déviation supérieure à 5°
- pincement supérieur à 50%, arthrose externe
- âge supérieur à 70-80 ans
- laxité associée
- hydarthrose persistante après arthroscopie
- signes purement mécaniques sans accrochages
L’intérêt de l’IRM est diversement apprécié car d’interprétation difficile et celle-ci a tendance à majorer les lésions ; elle est surtout utile pour rechercher d’éventuels corps étrangers libres intra-articulaires. Le bilan radiologique avec incidence en schuss est souvent suffisant.
Conclusion
L’arthroscopie de genou s’intègre dans une stratégie thérapeutique d’attente (traitements médicamenteux, viscosupplémentation, rééducation) de la gonarthrose qui permet d’améliorer partiellement la situation fonctionnelle pendant une durée plus ou moins limitée et dans des conditions cliniques et chirurgicales précises; ce traitement permet parfois de retarder l’échéance prothétique, notamment chez des patients actifs, mais il convient au préalable au chirurgien de bien expliquer à son patient les tenants et surtout les aboutissants de ce type de traitement.
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