Les allogreffes tendineuses dans les reprises de plastie du LCA


Dr. Henri ROBERT
Centre Hospitalier du Nord Mayenne, Service de Chirurgie Orthopédique
53100, Mayenne

Communication complète



Les allogreffes ligamentaires constituent un substitut aux autogreffes  habituellement utilisées dans la reconstruction des ligaments du genou.

Les indications sont essentiellement les reprises  d’échec de plastie du ligament croisé antérieur et les lésions multi ligamentaires du genou. Les avantages sont l’absence de morbidité du prélèvement, l’absence de cicatrice supplémentaire, le gain de temps opératoire et la réduction des douleurs post-opératoires. Les inconvénients sont les risques infectieux, le coût et la faible disponibilité actuelle.

Les risques sont essentiellement infectieux (HIV, hépatites b et C, bactériens) et immunitaires. La conservation par congélation profonde (-80°C) jusqu'à 5 ans est préférée à la lyophilisation (déshydratation sous vide) et à la cryo-préservation. La décongélation détruit les cellules et laisse intact le réseau collagène. En pratique, les prélèvements sont faits au bloc opératoire, par une équipe orthopédique, au plus tard 12 heures après le décès, sur des donneurs multi organes. La stérilisation secondaire par irradiation gamma est couramment pratiquée aux USA mais pas en Europe en raison de la fragilisation mécanique induite. L’oxyde d’éthylène est actuellement abandonné en raison du relargage des produits toxiques (synovite). La sélection sévère des donneurs par l’enquête clinique et sérologique, les conditions d’asepsie des prélèvements, la sérologie des receveurs d’organes (cœur, foie, reins…) et la mise en quarantaine sont les garants d’une bonne sécurité infectieuse.

Plusieurs greffons peuvent être prélevés : les tendons tibiaux antérieurs et postérieurs, les tendons d’Achille et les tendons rotuliens, soit 8 greffes par donneur. Les tendons tibiaux constituent une greffe de 20 cm de long et 8 à 9mm de diamètre en double brin, ils font d’excellents greffons pour le LCA ou le LCP. Le tendon d’Achille avec un bloc calcanéen est plutôt utilisé pour des reconstructions des lésions bicroisées en le dédoublant. La greffe se comporte comme une matrice collagénique dépourvue de cellules qui sera progressivement recolonisée par les cellules hôtes comme toute greffe tendineuse, mais le processus est  retardé et  moins complet (Jackson)

La technique opératoire ne diffère en rien de l’utilisation des autogreffes tant dans sa préparation que dans sa fixation ;  par contre, la rééducation sera plus lente et la reprise des sports plus tardive.

Les résultats cliniques des séries comparatives avec les autogreffes ne montrent pas de résultats moins bons des allogreffes pour Harner ou Shelton, mais Stringham  relève plus de ruptures secondaires.

Notre expérience récente de 7 reprises d’échec de plastie du LCA, au recul minimum de 1 an, sera détaillée. Nous utilisons préférentiellement des tendons tibiaux antérieurs ou postérieurs fournis par la Banque de Tissus de l’EFS de Rennes particulièrement sensibilisée au allogreffes d’usage orthopédique (tendons, ménisques). Nous avons également recours aux allogreffes dans la chirurgie du LCP et des lésions bi croisées.


Références

- Harner CD, Olson E, Irrgang JJ, Silverstein S, Fu FH, Silbey M, Allograft versus autograft ACL reconstruction : 3 to 5 years outcome. Clin Orthop Relat Res 1996; 6 (4): 224-30

- Jackson DW, Grood ES, Goldstein JD et al.
A comparison of patellar tendon autograft and allograft used for ACL reconstruction in the goat model. Am J Sport Med 1993; 21: 176-85

- Robertson A, Nutton RW, Keating JF. Current trends in the use of tendon allografts in Orthopaedic surgery. J Bone Joint Surg. 2006; 88-B; 988-992

- Shelton WR, Papendick L, Dukes AD, Autograft versus allograft ACL reconstruction. Arthoscopy 1997; 13 (4): 446-49

- Stringham DR, Pelmas CJ, Burks RT, Newman AP, Marcus RL. Comparison of ACL reconstruction using patellar tendon autograft or allograft. 1996. Arthroscopy 12(4):414-21



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