Entorse des ligaments latéraux des doigts longs

Rappels anatomiques

D. LEPAGE, L. OBERT

 La communication complète

L'entorse des doigts longs est un traumatisme fréquent en pathologie du sport et en particulier dans les sports de ballon. Elle intéresse principalement l'interphalangienne proximale (IPP) beaucoup plus rarement l'interphalangienne distale (IPD) qui présente un bras de levier plus court pour les forces extérieures.

L'IPP est une articulation synoviale, type ginglyme, à un seul degré de liberté en flexion-extension dont l'amplitude moyenne est de 0° à 100°. Contrairement à l'articulation métacarpo-phalangienne, de type sphéroïde qui présente trois degrés de liberté dans le plan frontal, sagittal et en rotation, l'IPP est une articulation plus "contrainte", supportant moins les traumatismes.

En effet la surface articulaire de la tête de la première phalange (P1) est une trochlée plus large ventralement. Celle de la base de la deuxième phalange (P2) est composée d'une crête mousse antéro-postérieure se moulant dans la gorge de la trochlée de P1 et bordée par deux versants, véritables cavités glénoïdes. L'ensemble forme une articulation "emboîtée". Cette congruence articulaire est renforcée par une capsule articulaire et des moyens ligamentaires passifs et actifs.

La capsule articulaire est mince au niveau de l'IPP et intervient peu dans la stabilité. Elle est riche en culs de sacs palmaire, dorsal et latéral dont l'accolement ou symphyse est responsable de raideur.

Le Ligament palmaire ou plaque palmaire est un fibrocartilage épais et résistant dont la face profonde est recouverte de cartilage et prolonge ainsi les cavités glénoïdes de la base de P2. Il s'y insère sur toute sa largeur et présente latéralement une zone d'insertion puissante commune avec le faisceau principal du ligament latéral . Il présente deux expansions latérales qui viennent renforcer la poulie A2. Il possède donc deux fonctions : avant tout de limiter l'hyperextension mais aussi de guider les fléchisseurs dans leur trajet.

Les ligaments collatéraux présentent deux faisceaux : un faisceau principal dont l'origine se situe à la face latérale de la tête de P1. Il s'étale en éventail pour se terminer sur la face latérale de la base de P2 de façon étalée, ce qui explique qu'il soit tendu en permanence tant en flexion qu'en extension, augmentant la stabilité latérale; un faisceau accessoire présente la même origine que le précédent et se termine sur le bord latéral de la plaque palmaire. Comme elle, il est relâché en flexion. Les ligaments collatéraux semblent avoir un rôle fondamental dans la stabilité frontale de l'IPP.

Les moyens actifs sont représentés par les tendons longs des extenseurs et fléchisseurs des doigts tuteurisés par les tendons des muscles intrinsèques de la main. Ils provoquent lors de leur contraction une compression axiale venant augmenter l'emboîtement articulaire.

Conclusion : l'absence de muscles puissants venant renforcer latéralement l'action des ligaments collatéraux et le bras de levier que représentent la deuxième et troisième phalange rend cette articulation "serrée" vulnérable aux traumatismes latéraux.

Références :

1. Guyot J. et Bonnel F. Les articulations du poignet et de la main, Chapitre 38, 229-240, dans Chevrel J.P. et al. Anatomie clinique, les membres ; Springer verlag France, Paris 1991,

2. Kamina P. Précis d'anatomie clinique, Tome I ; Maloine SA, Paris 2003, 209-214.

3. Netter F.H. Atlas d'anatomie humaine. Novartis, New Jersey. 2e édition française par P. Kamina. Maloine, Paris, 1999.

 

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