Frédéric
DUBRANA et Gérard GACON Le but de ce travail est de
comparer à l'occasion ce débat sur la
maturité à 10 ans des prothèses de
hanche sans ciment le coût des implants sans ciment ou
cimentés. De façon
générale Les implants sans ciment apparaissent
sensiblement plus chers que les implants
cimentés. Au niveau du cotyle la
différence est nette puisqu'une cupule tout
polyéthylène est facturée à peu
près 120 ¬ *alors qu'une cupule métal
back est facturée 620 ¬ auxquels il faut
rajouter 95 ¬ d'insert
polyéthylène. Au niveau du fémur les choses
sont plus compliquées puisqu'il existe au niveau du
TIPS différentes tiges sans ciment dont le prix varie
en fonction de la complexité du dessin de la tige. En
fait il existe peu de différences entre une tige
à cimenter (720 ¬) et une tige sans ciment
droite ( 820 ¬) Les différences s'accentuent
pour les tiges de reprise dont les modèles sans
ciment et souvent modulaires sont les plus
chères. La différence de
prix S'explique de façon simple par
le moindre coût des matériaux utilisés
dans les implants à cimenter. Le
polyéthylène, l'alliage chrome cobalt ou
l'inox sont en effet beaucoup moins chers à l'achat
que l'alliage de titane, matériel de base des
implants sans ciment. Le surcoût des implants sans
ciment en alliage de titane, s'explique également par
l'importance et le nombre des opérations de
manufacture apportées à ces implants
essentiellement au niveau du revêtement. L'adjonction depuis plus de 10 ans et
la généralisation en Europe au moins d'un
revêtement d'hydroxyapatite renchérit le prix
des prothèses sans ciment. Si l'on veut
comparer Les prix de revient des
prothèses cimentées ou sans ciment, il faut
malgré tout envisager le poids économique des
résultats à moyen ou mieux à long terme
et oublier les implants sans ciment des années
antérieures aujourd'hui dépassés
techniquement. Il faut s'efforcer de comparer des choses
comparables en particulier au niveau des résultats
publiés et incontestés. On sait que la
majorité des cupules tout polyéthylène
cimentées sont grevées d'un certain nombre
d'usures sévères, d'ostéolyse et de
perte du stock osseux obligeant à des reprises
parfois difficiles toujours onéreuses. D'ailleurs
c'est ce qui a conduit la majorité des chirurgiens
à adopter en arthroplastie primaire une cupule sans
ciment. Il est facile aussi de prévoir
le coût d'une reprise en cas d'échec à
moyen terme toujours considérable et dont
l'importance doit être prise en compte quand on parle
de prix d'une arthroplastie. Il est difficile de comparer
uniquement le prix des implants sans prendre en compte les techniques
de mise en place de ces implants. Pour les implants
cimentés il faut introduire le coût du ciment
et des accessoires nécessaires aux nouvelles
techniques de cimentation. Il faut rajouter le temps
passé et il est communément admis que les 2
temps de cimentation augmentent de 20 minutes au moins la
durée d'une prothèse de hanche, ce qui n'est
pas négligeable dans le coût d'exploitation
d'un bloc opératoire ou d'un établissement de
soins surtout quant il est spécialisé dans ce
type d'interventions. La cimentation justifie aussi des
soins anesthésiques qu'il faut prendre en compte dans
le calcul du prix global. Dés 1996 Barrack avait
estimé plus chère de 900 $ une prothèse
de hanche cimentée par rapport à
une prothèse sans ciment. Les choses se présentent
différemment en pratique privée et en
pratique hospitalières, du moins aujourd'hui. Il
n'est pas dit qu'avec le passage probable du
" coût à la pathologie " dans le
secteur privé les choses changent. Sur le plan
général il faut souhaiter que cette notion de
prix des implants qui " empoisonnent " les
chirurgiens et leur administration soit
reléguée au deuxième plan et que l'on
veille au développement de prothèses les
plus utiles aux malades à long terme. La
discussion s'organise aujourd'hui grâce aux
publications de bons résultats indiscutables à
long terme des implants non cimentés et le
véritable débat aujourd'hui ne nous parait
plus celui du ciment mais bien celui du couple de friction
dont on sait qu'il est déterminant quand à la
survie des prothèses de hanche. L'apport des
" couples durs " moins générateurs
de particules d'usure est considérable surtout avec
l'augmentation du niveau d'activité et de la
durée de vie. Souhaitons que les notions de prix ne
viennent pas la encore polluer le débat. En France
aujourd'hui la législation (issue parfois de
procédures épiques avec la
Sécurité Sociale) confirme qu'un chirurgien
est libre de poser dans tous les cas l'implant qu'il a
choisi et ce n'est que justice puisqu'il est, rappelons
le, responsable pendant 30 ans de l'implant qu'il a
posé. Cette responsabilité indissociable de
son geste opératoire lui permet au moins de pouvoir
choisir ses implants. ©
GECO