Hôpital et risques bioterrioristes

Dr Jean-Claude Bartier
Praticien Hospitalier d'Anesthésie-Réanimation
Directeur médical SAMU 67 et du SMUR de Strasbourg

 Département d'Anesthésiologie
Hôpitaux Universitaires
1 place de l'hôpital
67091 Strasbourg Cedex

1. Introduction

L'attentat du métro de Tokyo en 1995 ou plus récemment l'explosion de l'usine AZF à Toulouse, ont mois en lumière à la fois la position centrale des hôpitaux et leur grande fragilité vis à vis de ce type d'événement.

L'hôpital est le lieu de recours pour tous. Plus la masse de population impliquée dans une catastrophe est importante, plus le recours à l'hôpital est massif, incontrôlé, et cout-circuite tous les dispositifs de secours préhospitaliers.

Cependant ni les hôpitaux, ni son personnel ne sont organisés pour faire face à un tel afflux et encore moins à se protéger contre le risque de transfert de contamination par un agent amené à l'hôpital par une victime.

La menace la plus classique en terme de probabilité reste l'utilisation d'explosifs dont l'emploi résume à lui tout seul 99% des attentats. Cependant, les structures hospitalières fonctionnant à flux tendu ont des difficultés à faire face à un afflux de plusieurs centaines de victimes en quelques heures dont une proportion importante sont des polytraumatisés.

Si l'utilisation du sarin a levé le tabou de l'emploi d'armes chimiques, l'attaque à l'anthrax aux USA en octobre 2001, sous forme de poudre arrivant par courrier postal a levé le tabou des armes biologiques. Cette prise de conscience brutale a entraîné une formidable mobilisation au travers du monde dont l'un des principaux objectifs est de préparer les structures de soins à faire face à des risques dits non conventionnels résumés sous l'acronyme NRBC : nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique.

Le système de santé à tout intérêt à s'intéresser à ces situations car si l'on fait abstraction du côté délibéré de certaines actions, il est utile de constater qu'il y a peu de différence entre un toxique militaire et un accident mettant en jeu des produits chimiques (Bophal), une arme biologique et une maladie infectieuse émergente (SARS, grippe H5N1), une munition radioactive et l'explosion d'une centrale nucléaire (Tchernobyl).

 

2. Le risque chimique

Les organophosphorés

GA Tabun
GB Sarin : produit de référence
GC
GD Soman
GE
GF Cyclosarin (cyclohexil methylphosphonofluoridate)

 

Ils exercent leur toxicité en bloquant de façon irréversible l'acétylcholinestérase (AchE). Très puissants (1 goutte de sarin est mortelle), ils traversent la plupart des revêtements usuels et notamment les semelles de chaussures. Il existe des antidotes dont l'efficacité dépend de la précocité d'administration. Le transfert de contamination qui a touché plus de 200 soignants au Japon, représente un risque majeur pour les hôpitaux.

Le VX

Les agents V font partie des agents persistants qui peuvent rester sur les vêtements et d'autres surfaces pour de longues périodes. Le VX a été synthétisé par les Britaniques en 1954. D'autres agents de la même série ont été synthétisé mais ils sont moins connus et moins documentés : VE, VG, VM et VR, équivalent russe du VX.

Les agents V sont 10 fois plus toxiques que le Sarin (GB).

Les gaz de combats comme l'Ypérite sont classés dans les agents suffocants. Ils provoquent des lésions oculaires et pulmonaires mortelles. A long terme ses substances sont cancérigènes.

 

3. Le risque nucléaire

Il faut considérer 2 situations complètement différentes :

- les irradiés qui ont reçu des doses massives de rayonnements ionisants. Une fois extrait de la zone à risque, il ne représentent plus aucun risque pour le personnel soignant.

- Les radiocontaminés qui sont recouverts de poussières radioactives source de contamination interne pour les victimes comme pour les soignants.

 

4. Le risque biologique

Les sources de contamination sont très nombreuses. Il peut s'agir d'agents connus, modifiés pour être plus vulnérants (militarisés). Quatre familles sont concernées :

- les bactéries : anthrax, peste

- les virus : variole

- les toxines : botulisme

- certains champignons

 

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